Pour 4 Français sur 5, la crise climatique impose de revoir nos modes de vie et de consommation. Le consommateur français évolue. Et plutôt dans le bon sens selon la dernière édition du baromètre Greenflex-Ademe qui analyse depuis 20 ans les évolutions de la consommation responsable : celui d’une prise de conscience et d’une adaptation de ses modes d’achat vers des modèles plus soutenables. Mais les consommateurs ont aussi des attentes fortes vis à vis des entreprises. Décryptage des résultats du baromètre 2024.
©markus-spiske Unsplash
Finie l’image caricaturale du consommateur bobo-bio marginalisé, dont l’espèce n'existe que dans les arrondissements centraux de Paris. La consommation responsable n’est plus une niche. Selon le Baromètre de la Consommation Responsable 2024, réalisé par GreenFlex et l'ADEME1, 4 Français sur 5 estiment que la crise climatique impose de revoir nos modes de vie et de consommation. Et ils sont déjà de plus en plus nombreux à faire régulièrement des arbitrages dans leurs achats pour privilégier des marques et solutions durables.
Consommation responsable en 2024 : les grands enseignements
Les préoccupations liées à la crise climatique et aux inégalités sociales ont un impact direct sur les choix de consommation des citoyens. Voici les principaux enseignement de l’édition 2024 du Baromètre de la consommation responsable réalisé par Greenflex et l’Ademe.
Une prise de conscience grandissante
80% des Français considèrent que la crise climatique impose de revoir nos modes de vie et de consommation. Ils sont conscients que la sobriété est nécessaire : pour 73% d'entre eux, “produire autrement ne suffit pas, il faut consommer moins”.
Une société polarisée sur les grands enjeux de consommation
Si une grande majorité de consommateurs (77%) se dit “mobilisée” en faveur d’une consommation plus responsable, on notera que les opinions se polarisent avec, d’un côté, un noyau grandissant de personnes “engagées” (18%, + 5 points en 5 ans) et, à l’autre bout du spectre, 7% de personnes “agacées” par ces injonctions (+3 points).
©kenny-eliason Unsplash
Des consommateurs qui font des arbitrages dans leurs achats au quotidien
55% des consommateurs limitent l’achat de produits neufs et 65% déclarent changer de magasin pour des options plus éthiques, comme des producteurs locaux ou des magasins bio.
Une méfiance croissante envers les entreprises
Seuls 36% des Français font confiance aux grandes entreprises, un chiffre stable depuis 10 ans , mais en forte baisse par rapport à la première édition de ce baromètre il y a 20 ans (58% de confiance à l’époque). 85% des sondés estiment que les entreprises incitent à la surconsommation, notamment à travers la publicité.
Des exigences accrues envers les pouvoirs publics
82% des Français souhaitent que le gouvernement impose des règles plus strictes aux entreprises pour qu’elles respectent davantage l'environnement et les droits sociaux des travailleurs. Pour 75% d‘entre eux, l’Etat devrait interdire la publicité pour les produits les plus néfastes pour l’environnement et la santé.
La nécessité de revoir le modèle
79% des consommateurs estiment que les entreprises doivent changer de modèle économique, et ne pas rechercher la croissance à tout prix, afin de mieux respecter l’environnement et les travailleurs.
Comment s’emparer de ces tendances en entreprise ?
Les deux tiers des consommateurs étant prêts à changer de marque ou de magasin pour privilégier des options plus durables, le secteur de la distribution a tout intérêt à prendre acte de l’évolution des habitudes de consommation.
Mais la prise de conscience doit être plus large. L’ensemble des entreprises peut contribuer au développement d’un nouveau modèle par différents moyens.
1. Développer une politique d’achat responsable
Le Baromètre Greenflex-Ademe 2024 révèle une montée en puissance de l’exigence des consommateurs vis-à-vis des entreprises. Dans ce contexte, la fonction Achats joue un rôle central dans la mise en place de pratiques durables au sein des entreprises. Voici quelques pistes :
- Réviser les critères de sélection des fournisseurs pour privilégier ceux qui adoptent des pratiques durables (recours à des matières premières écoresponsables, optimisation des transports pour réduire l'empreinte carbone,...). Par ailleurs, 63% des consommateurs déclarent privilégier les produits qui rémunèrent de manière juste les producteurs. Les entreprises doivent répondre à cette demande par un sourcing éthique et transparent.
©arum-visuals unsplash
- Renforcer les exigences en matière de certification : L’intégration de critères de durabilité dans les appels d’offres et les contrats fournisseurs est cruciale. Le respect des normes environnementales (ISO 14001, labels bio, etc.) et sociales (SA 8000 pour les droits des travailleurs) devrait devenir la norme pour toute relation commerciale.
- Favoriser l'économie circulaire : Le Baromètre montre que 55% des consommateurs limitent leurs achats de produits neufs. L’intégration de l’économie circulaire dans la stratégie d’achat peut se traduire par le recours à des matériaux recyclés, la réparation d’équipements plutôt que leur remplacement systématique, ou encore la mise en place de programmes de location ou de partage d'équipements entre plusieurs sites.
- Communiquer sur les efforts réalisés : Les consommateurs, mais aussi les collaborateurs, se montrent de plus en plus attentifs à la manière dont les entreprises communiquent sur leurs engagements. Il est essentiel de partager de manière transparente les actions et résultats obtenus, afin de valoriser les efforts réalisés en interne et de renforcer la confiance.
2. Mobiliser les collaborateurs autour de la consommation responsable
Si vos collaborateurs sont déjà engagés dans une démarche de consommation responsable en dehors de leur travail, il est essentiel de capitaliser sur cette dynamique pour les impliquer dans des actions concrètes au sein de l’entreprise. Voici quelques pistes pour sensibiliser et engager vos équipes :
- Intégrer des programmes de formation : Proposer des formations sur les enjeux de la consommation responsable (en en profitant pour expliquer comment ces sujets se traduisent dans la stratégie de l'entreprise).
- Favoriser l’exemplarité interne : par exemple, en limitant l'achat de fournitures neuves, en encourageant l'utilisation de produits recyclés ou en organisant des journées dédiées à l'économie circulaire.
©Unsplash
- Engager les salariés dans des initiatives locales : De nombreux consommateurs déclarent privilégier les circuits courts et les producteurs locaux. Cela peut se traduire en entreprise par des partenariats avec des acteurs locaux pour la restauration collective, ou encore par l’organisation de marchés bio au sein de l’entreprise.
En prenant part à l’évolution de la société en matière de consommation responsable, l’entreprise peut non seulement répondre aux attentes croissantes des consommateurs, mais aussi créer une dynamique positive en interne. C’est un levier de plus pour que chaque salarié devienne un acteur de la transition écologique et sociale, tant dans sa vie professionnelle que personnelle.